ROTTEN ISLAND 23

  La branche casse et craque et claque. Non. Non : c’est moi qui bascule. Tombe. Sombre. Coule. Dévale. Le vide me happe. Help !… Vertigineux, le vide. Insondable. Le puits d’Alice plongeant au pays des horreurs sans pareilles. Avec au fond, au fond du fond du fond, un sol bien dur sur lequel se ROTTEN ISLAND 23

ROTTEN ISLAND 22

  Petit matin dégueulasse. Brouillard dehors. Lourd. Gluant. Jumeau de la désolation qui poissait mon âme. Mauvaise gueule de bois, avec bouche pâteuse et ligne de braise sanguinolente entre les tempes, récompense du mauvais scotch en quantité. Les tronches de mes quatre compagnes et compagnon, plus la mienne, sûrement semblable. Dégoûtées, les faces. À bout. ROTTEN ISLAND 22

ROTTEN ISLAND 21

  La cascade. Sa tenture d’eau limpide, d’une blancheur de cristal, qui jaillissait d’un entrelacs de fougères perchées sur des roches moussues, chutait d’une petite hauteur d’homme et plongeait dans son bassin presque circulaire, à la surface sans cesse agitée de cercles mouvants, dans un chuchotement impérieux, constant, obstiné, qui emplissait les alentours. La cascade ROTTEN ISLAND 21

ROTTEN ISLAND 20

  Carnet rouge fini. Kaput. Trois petites pages encore, plus les deux versos blancs de la couverture de carton. Depuis que les Tristouilles nous ont recueillis dans la caverne, ils se montrent toujours aussi distants avec moi. Silence. Ignorance. Regards vides lorsque par hasard ils se posent sur moi pour aussitôt se détourner. Normal. Pour ROTTEN ISLAND 20

ROTTEN ISLAND 19

  Noir. Dense, le noir. Visqueux. Un goudron. Et pourtant vide. Exempt de toute pensée. Le  néant. Ce qui me restait de conscience n’était qu’une sorte de halo lointain, très lointain, d’une teinte un peu plus rouge que le bitume ambiant. Le premier soupçon d’une aube polaire au bout de la longue nuit d’hiver. Une ROTTEN ISLAND 19