Bouquin-quizz n°7

Bonjour à tous.

Voici un extrait de…
Je veux dire d’un roman de…
Non. Finalement, je ne vais pas vous l’indiquer. Ça vous amusera peut-être d’essayer de deviner.

Indice : aucun.

Et si ça ne vous amuse pas de deviner, je vous conseille de le lire quand même. Ça vaut !

Note : le Bouqin-quizz n°6 nous a été soumis par le copain Oliv’ dans un commentaire déposé sur la page Bouquin-quizz n° 5. Je me comprends…

En moins de trois heures, on est devant une mare de boue. Des nénuphars en fleur et de grandes feuilles vertes sont collées à la vase. On suit le bord du banc de vase.
« Fais attention de ne pas glisser, sans ça tu disparais sans espoir de remonter, m’avertit Van Hue qui vient de me voir trébucher.
– Vas-y, je te suis et je ferai plus attention. »
Devant nous un îlot, à près de cent cinquante mètres. De la fumée sort du milieu de la minuscule île. Ça doit être des charbonnières. Je repère un caïman dans la vase, dont seuls les yeux émergent. De quoi peut-il bien se nourrir dans cette vase, ce crocodile ?
Après avoir marché plus d’un kilomètre le long de la berge de cette sorte d’étang de vase, Van Hue s’arrête et se met à chanter en chinois à tue-tête. Un mec s’approche au bord de l’île. Il est petit et vêtu d’un short seulement. Les deux Chintocs parlent entre eux. C’est long et je commence à m’impatienter quand, enfin, ils s’arrêtent.
« Viens par là », dit Van Hue.
Je le suis. On retourne sur nos pas.
« Tout va bien, c’est un mai de Cuic-Cuic. Cuic-Cuic est allé à la chasse, il ne va pas tarder à arriver, il faut l’attendre là. »
On s’assied. Moins d’une heure après, Cuic-Cuic arrive. C’est un petit mec tout sec, jaune annamite, les dents très laquées, presque noir brillant, des yeux intelligents et francs.
« Tu es un ami de mon frère Chang ?
– Oui.
– C’est bien. Tu peux partir, Van Hue.
– Merci, dit Van Hue.
– Tiens, emporte-toi cette perdrix-poule.
– Non, merci. » Il me serre la main et s’en va.
Cuic-Cuic m’entraîne derrière un cochon qui marche devant lui. Il le suit littéralement.
« Fais bien attention. Le moindre faux pas, une erreur, et tu t’enlises. En cas d’accident, on ne peut pas se secourir l’un l’autre, car c’est pas un mais deux qui disparaissent. Le chemin à traverser n’est jamais le même car la vase bouge, mais le cochon, lui, trouve toujours un passage. Une seule fois, il a fallu que j’attende deux jours pour passer. »
Effectivement, le cochon noir flaire et s’engage sur la vase. Le Chinois lui parle dans sa langue. Je suis, déconcerté de voir ce petit animal qui lui obéit comme un chien. Cuic-Cuic observe et moi, j’écarquille les yeux, médusé. Le cochon traverse de l’autre côté sans jamais s’enfoncer de plus de quelques centimètres. Rapidement, mon nouvel ami s’engage à son tour et dit :
« Mets tes pieds dans les traces des miens. Il faut faire très vite car les trous qu’a laissés le cochon s’effacent immédiatement. » Sans difficulté on a traversé. Jamais je n’ai eu de la vase plus haut que les mollets, et encore, vers la fin.
Le cochon avait fait deux crochets longs, ce qui nous a obligés à marcher sur cette croûte ferme pendant plus de deux cents mètres. La sueur me coule de tous côtés. Je ne peux pas dire que j’avais seulement peur, car vraiment j’étais terrifié.
Pendant la première partie du trajet, je me demandais si mon destin voulait que je meure comme Sylvain. Je le revoyais, le pauvre, à son ultime instant et, tout en étant très éveillé, je distinguais son corps mais tout son visage semblait avoir mes traits. Quelle impression m’a faite ce passage ! Je ne suis pas près de l’oublier.
« Donne-moi la main. » Et Cuic-Cuic, ce petit mec tout os et peau, m’aide à grimper sur la berge.
« Eh bien mon pote, ce n’est pas là que vont venir nous chercher les chasseurs d’hommes.
– Ah, pour ça, sois tranquille ! »
Nous pénétrons dans l’îlot. Une odeur de gaz carbonique me prend à la gorge. Je tousse. C’est la fumée de deux charbonnières qui se consument. Je ne risque pas d’avoir de moustiques ici. Sous le vent, enrobé de fumée, un carbet, petite maisonnette au toit de feuilles et aux murs également en feuilles tressées en anttes. Une porte et, devant elle, le petit Indochinois que j’ai vu avant Cuic-Cuic.
« Bonjour, Mouché.
– Parle-lui français et non patois, c’est un ami à mon frère. »

22 commentaires

  • Butterfly dit :

    Moi je pense avoir trouvé… D’ après moi l’auteur aurait pu chanter une fameuse chanson de Balavoine :  » J’me présente , je m’appelle Henri ! « …..?

  • Très fort, Butterfly. Surtout sans indices… Chapeau bas, vraiment.

  • Mais qui se cache donc derrière ce pseudo de Butterfly ? J’ai ma petite idée. A mon avis, ça fleure l’Italie, du côté de Venise…

  • Oliv' dit :

    Bingo ! A+ !

  • Philippe dit :

    Il y en a qui n’ont pas vraiment beaucoup de mérite, hein Thierry?

  • Oliv' dit :

    ouulà ça chambre alors !
    Bah en fait c’était pas si facile tu vois Philippe, et ce coup-là j’ai même pas essayé de gruger comme j’ai pu faire avec le salaire de la peur, en ce sens que je m’étais concentré sur une recherche dans la filmographie de Montand et c’est le film qui m’a permis de faire le lien avec le bouquin, je l’avoue humblement..
    mais ce coup-là honnêtement je me suis souvenu de Papillon qui filait le train au cochon dans la vase et qui se souvenait de son pote bagnard évadé comme lui qui n’a pas eu la patience d’attendre et qui a fini tragiquement englouti beuaaark quelle fin atroce !
    Donc ? Pas beaucoup de mérite tu dis ?
    Bah t’as qu’a n’en faire un de Quizz-bouquin alors, vas-y on t’écoute !

  • Philippe dit :

    Bonsoir Oliv’
    C’est Thierry qui était visé à propos du mérite, pour avoir ’’deviné » qui se cachait derrière Butterfly. Je pense qu’il pourra confirmer. Je ne serais pas permis autrement.
    Mais d’accord, dès que j’ai un peu de temps, je posterai un Quizz-book. 😉

    • Excusez, les gars, j’ai été très occupé sur un autre truc cet après-midi. J’avais compris que c’était à moi que s’adressait la remarque de Philippe. Effectivement, je n’ai pas eu grand mal à repérer poteau Olivier derrière ce « Butterfly » des familles. Olivier : Philippe est un grand copain et un type bien. Jamais il ne se permettrait de critiquer gratuitement un de mes plus fidèles soutiens. Sur le coup de « Papillon », c’est vachement bien joué. J’avais justement choisi un passage en dehors du bagne, avec des Vietnamiens qui pouvaient entretenir une confusion. Seule la mention de « carbet » dénonçait la Guyane. Mais patience, je vais t’en préparer un autre, de quizz….

  • Oliv' dit :

    Oui je suppose que même si je signe « Pinko Pallino » – qui correspond à notre « Tartempion » en italien..- Thierry voit l’adresse email de départ donc facile à deviner en effet.

    Allez, j’y vais moi aussi de ma devinette :

    La dernière fois que j’ai fait un saut en France j’ai acheté  » Dernier inventaire avant liquidation  » de Frédéric Beigbeder qui n’est autre qu’un classement – commenté par l’auteur – des 50 livres français du siècle dernier les plus appréciés des français.
    Ce classement inclus également des auteurs étrangers mais seuls les lecteurs français ont été interrogés, sur un panel assez large d’ailleurs… Il sagit en quelque sorte du top 50 de la littérature mondiale – pour les français donc.

    Ma question est : selon vous , qui est ze number one ?

  • Oliv' dit :

    En tous cas je lisais hier dans le Figaro – offert gracieusement par la compagnie aérienne sur laquelle j’ai fait mon Orly / Venise – , que de nombreux acteurs ont repris l’initiative de Fabrice Luchini à savoir de lire à haute voix sur scène des passages choisis parmi les chef d’oeuvres d’auteurs célèbres, tels Céline, Modiano, Stéphane Zweig, et d’autres.
    Cette formule semble avoir du succès en France et des tournées sont organisées également en province, ce n’est plus un phénomène typiquement parisien.
    Bon disons que pour moi vu de l’étranger c’est une nouveauté et peut-être que pour vous métropolitains c’est une chose banale, mais disons que la littérature s’est trouvée un nouveau vecteur à travers les acteurs, disons une nouvelle façon de lire en écoutant..
    Ciao !

  • Bardamu dit :

    Sans oublier Blaise Cendrars. Son roman  » l’or  » ne fait pas partie du Top 50 malheureusement… pourtant passionnant et diablement rythmé !

  • Mitsuhirato dit :

    Oui c’est pas faux Thierry, moi aussi j’aurais préféré On a marché sur la Lune à la place 18 mais bon, on va pas chignoler quand même non plus. Y a même mon copain Stéphane Zweig avec le dossard 37 ce que je trouve réjouissant. A Orly je me suis d’ailleurs pris sa biographie de Marie-Antoinette sur tes conseils avisés.
    A mon tour je conseille à tous la lecture d’un petit bouquin de cet auteur formidable qui s’appelle  » Amerigo, le récit d’une erreur historique » dans lequel il explique pourquoi le continent américain n’a pas pris le nom de son découvreur mais celui d’un de ses successeurs… Absolument passionnant, et en plus la ville de Vicenza ou je réside a curieusement joué un rôle dans cette erreur historique…
    Salut à tous d’Italie,
    Olivier

    • Là, tu me l’apprends. Je vais aller voir ça derechef. Pour le 18, moi j’aurais carrément mis les deux diptyques La Licrone, Rackam Le Rouge, puis les Sept Boules et Le Temple Du soleil, à mon avis le sommet. J’avoue une affection coupable pour Les Bijoux De La Catasfiore. Mais, bon, c’est personnel. Tu as vu que ton champion du moment est quand même en 6ème position. Quasiment placé, si on parlait courses ? Quant au n° 4, je n’ai jamais pu le sentir…

  • Rackham le Rouge dit :

    Aaah moi j’aime bien St Ex par contre ! Courrier Sud, et surtout Terre des hommes ou il relate son accident d’avion dans le désert lybien et sa survie miraculeuse à une mort de soif quasi certaine – qui sait si Hergé ne s’en est pas inspiré pour le secret de la Licorne, il faudrait vérifier les dates, à moins que ce soit le trésor de Rackham le rouge j’avoue que j’ai un doute..
    également l’épopée de son collègue aviateur Guillaumet qui crache son avion dans la Cordillière et qui retrouve la civilisation après une marche harassante de plusieurs jours  » ce que j’ai fait, mème un animal ne l’aurait pas fait… » dira-t-il plus tard… Bref un grand moment d’aventure humaine et de récit d’aventure à mon avis…
    Après, le Petit Prince mérite-t-il d’ètre ensensé à ce point ? On peut en effet se poser la question ..!
    Amis de la poésie BonsoAAAr…
    Olivier

    • Y’a un type qui s’appelait Bill Lancaster, un Australien, qui s’est craché en plein désert du côté de Bidon IV. Jambes brisées, blessé de partout, l’avion en bouillie, il a mis neuf jours à mourir, pendant lesquels il a tenu un journal qui fait une quinzaine de pages, qu’une expédition militaire française a retrouvé bien plus tard, épinglé sur la carcasse de son avion. Une des plus beaux textes d’aventures. Il y a un passionné de cette histoire qui l’a mis en ligne. Je n’ai pas le temps ce soir, mais dès que possible, je te passe le lien. Allez, Bon courage, amigo.

  • Gros Bill dit :

    Oui j’ai lu un peu de l’histoire de ce Bill Lancaster, ils ont mème fait un film en 2009 avec Guillaume Canet et Marion Cotillard qui relate son histoire.
    Sacré aviateur puisqu’il avait fait un raid entre l’Angleterre et l’Australie…
    Puis une sordide histoire d’accusation de meurtre de son rival en amour, pour lequel il a été relaxé au terme d’un long procès très médiatisé.
    Et enfin le dernier vol ( titre du film ) et le crash dans le désert et dont l’épave fut retrouvée des années plus tard en 1962, avec intact son journal relatant ses derniers jours en effet.
    Il n’a pas eu la mème chance que St Ex sur ce coup-là.
    Quant au film, sais pas, pas vu !
    Salut a + !
    Oliv’

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