Script-quizz n°03

 

Salut à toutes, tous.

La littérature qu’on se délecte à lire est aussi la matière première de tous les films, téléfilms et séries que nous aimons à mater. Même s’il ne s’agit pas de l’adaptation d’un bouquin mais d’une oeuvre originale, derrière chaque thème, chaque séquence, dans certains cas chaque plan, le travail de base est celui d’un écrivain. Eh ouais, un gadjo tout seul avec ses clopes et sa boutanche devant sa ch’tite machine…

Trouvez ci-dessous un bout de scénario. A vous de deviner de quel film il est extrait…

P.S. : Ce sera en V.F., hein… La retranscription des scripts en V.O.S.T. reste à inventer !

 

INT Jour, hôtel

Deux officiers de liaison montent l’escalier. Arrivés à l’étage, une femme de chambre les renseigne en vietnamien, leur désignant la direction de la chambre de Willard.

Willard (voix off) :
On finit toujours par avoir ce qu’on veut. Je voulais une mission. Pour mes péchés, ils m’en donnèrent une, livrée à domicile comme par le room-service…

INT Jour, hôtel, porte de la chambre

O.L. 1 frappe à la porte.

O.L. 1 :
Capitaine Willard, est-ce que vous êtes là ?

Willard (de derrière la porte) :
Ouais, j’arrive…

Les O.Ls échangent des commentaires que l’on n’entend pas.

Willard (voix off) :
C’était soigné, comme mission. Celle-là accomplie, je n’en voudrais plus jamais d’autre…

Willard ouvre la porte. Il est nu, maintenant une couverture sur sa taille, pas rasé, la face défaite.

Willard :
Qu’est-ce que vous voulez ?

O.L.1 :
Vous allez bien, Capitaine ?

Willard :
Est-ce que j’en ai l’air ?

Il retourne s’asseoir sur son lit. O.L.1 entre dans la chambre.

O.L.1 :
Etes-vous le capitaine Willard du 505ème bataillon, 173ème aéroportée, Forces spéciales ?

Willard :
Ouais… Ouais… (à O.L.2, resté sur le seuil) : Hey, mec, tu vas la fermer, cette porte ?

O.L.2 entre et referme la porte sur lui.

O.L.1 :
On vous escorte à l’aérodrome.

Willard :
Quelles sont les charges ?

O.L.1 :
Monsieur ?

Willard :
Qu’est-ce que j’ai fait ?

O.L.1 :
Aucune charge contre vous, mon capitaine. Vous avez ordre de vous présenter au P.C. du 2ème Bureau à Nha Trang.

Willard :
D’accord… Nha Trang… C’est okay pour moi…

O.L.1 :
Allons,mon capitaine, vous avez le temps de vous préparer.

Willard (s’allongeant) :
Je ne suis pas très en forme…

O.L.1 :
Capitaine ?… (à O.L.2) : Dave, donne-moi un coup de main, il est H.S.

Les deux O.L. soulèvent Willard du lit.

O.L.1 :
Venez, Capitaine, il faut que vous preniez une douche.

Willard :
Faites pas les cons…

Ils portent Willard dans la cabine de douches.

O.L.1 :
Sous le jet, mon capitaine…

O.L.2 ouvre le robinet. Recevant le jet glacial, Willard hurle.

 

CUT

 

EXT Jour, Nha Trang

En contre-plongée, un hélicoptère Huey atterrit. En arrière-plan, des hangars de tôle et un mirador émergeant des palmiers.

Willard (voix off) :
J’étais en route pour le pire endroit du monde, mais je ne le savais pas encore. A des semaines et des dizaines de kilomètres en amont d’une rivière qui serpentait à travers la guerre comme un câble électrique branché directement sur Kurtz…

 

EXT Jour, Nha Trang

Willard descend de l’hélicoptère, escorté par deux marines. Derrière le trio, on distingue des véhicules de l’armée, d’autres hélicoptères au sol. Une section de marines les croise au pas, scandant un chant militaire.

Willard (voix off) :
Ce n’est pas un accident si je devins le dépositaire de la mémoire du colonel Kurtz, pas plus que je n’étais revenu à Saïgon par hasard. On ne peut pas raconter son histoire sans raconter la mienne. Et si son histoire est en réalité une confession, alors la mienne aussi.

Le trio parvient à un Algeco entouré de grillages mais à la terrasse décorée de meubles de jardin et d’un parasol, devant lequel deux M.Ps. montent la garde. L’un d’eux tend un formulaire à signer à Willard.

 

INT Jour, Algeco.

A l’intérieur, Willard est accueilli par le colonel Lucas. Ils échangent un salut militaire.

Lucas :
Capitaine. Entrez… Repos… Cigarette ?

Willard :
Non merci, mon colonel.

La caméra découvre l’ensemble de l’Algeco, très confortablement aménagé. S’y trouvent un civil, « Jerry », assis au comptoir de la kitchenette, et le général Corman, dans un divan.

Lucas désigne tour à tour Jerry et Corman.

Lucas :
Capitaine, avez-vous déjà vu ce gentleman ?

Willard :
Non monsieur.

Lucas :
Rencontré le général ou moi-même ?

Willard :
Non monsieur. Pas personnellement.

Lucas :
Vous avez souvent agi en solo, n’est-ce pas, capitaine ?

Willard :
Oui mon colonel.

Lucas :
Dans le renseignement pour le compte du 1er Corps ?

Willard :
Je ne suis pas disposé à en parler, monsieur.

Lucas se saisit d’un dossier sur une table basse et l’ouvre.

Lucas :
N’avez-vous pas travaillé pour la CIA ?

Willard :
Non monsieur.

Lucas :
N’avez-vous pas assassiné un percepteur vietcong à Quang Tre le 18 juin 1968 ?

Jerry et le général Corman observent Willard qui reste silencieux. Lucas insiste.

Lucas :
Capitaine ?

Willard :
Monsieur, j’ignore tout de ce genre d’activités ou d’opérations (il se racle la gorge) et je ne serais pas disposé à en parler si cette opération avait en fait existé. Monsieur.

Corman se lève et s’approche de Willard.

Corman :
Nous discuterons en déjeunant. J’espère que vous avez bon appétit, capitaine…

Il se dirige vers la table à manger et s’y assoit.

Corman :
Je constate que vous avez un pansement à la main. Vous vous êtes blessé ?

Willard :
Un petit accident de pêche en permission, mon général.

Corman :
A la pêche en permission, hein ?

Willard :
Oui mon général.

Corman :
Mais vous êtes en forme, n’est-ce pas, prêt à l’action ?

Willard :
Naturellement, monsieur. A fond !

Les autres les rejoignent à table. Le général Corman commence à passer les plats.

Corman :
Voyons… Qu’est-ce que nous avons ici… Du roastbeef… Habituellement, il n’est pas mal. Tenez, Jerry, servez-vous et faites passer, ne perdons pas de temps… Ah, des crevettes… Capitaine, je ne sais pas ce que vous pensez des crevettes, mais si vous avalez celles-ci, vous n’aurez rien d’autre à faire pour prouver votre courage…

 

(A suivre)

 

6 commentaires

  • Véronique dit :

    1979…avec Marlon Brando….??

  • Francis dit :

    … avec en toile de fond Wagner, les Stones et les Doors ? Un scénar qui rappelle une aventure de Haig ?

  • LECHAUVE Dominique dit :

    oui aussi, moi je penche sur la 173eme aéroportée, plus Willard, donc un film musical de 1979, dans lequel, on retrouve the Doors, les Stones, et Wagner avec les Walkyries, enfin un film musical !!!

  • Ford dit :

    oui musical d’accord, mais pas tellement comédie quand même… plutôt apocalyptique comme odyssée « into the wild » !
    un fim géant en tout cas, à revoir maintenant…

  • « This is the end, my only friend, the end… » chante Jim Morisson à l’orée de cet Apocalypse Now que vous avez toute et tous reconnu.
    Palme d’or à Cannes en 79, ex aequo avec Le Tambour de Volker Schlondorf, présenté au jury dans une version courte, terminée de monter la nuit précédente par son réalisateur Francis Ford Coppola.
    Tiré – librement – d’une nouvelle de Joceph Conrad, Au Coeur Des Ténêbres, elle-même inspiré de l’histoire vraie des capitaines français Chanoine et Voulet qui, partis en 1899 pacifier les alentours du lac Tchad, se sont mis à massacrer de l’autochtone à tour de bras.
    Paru en dvd dans une version longue, dite « redux », qui comprend une longue séquence de dîner dans une plantation française du Cambodge, avec l’hallucinant Christian Marquand en chef de famille coloniale, et, en veuve de soldat, la merveilleuse Aurore Clément – on en causait récemment à propos de Vol Au Dessus…
    C’est l’un des premiers dvd que j’ai acheté, et visionné un peu moins d’un millier de fois, même si ça me pique les yeux de revoir cette Asie du Sud-Est enfiévrée que j’ai tant aimée. Un seul regret : même si Martin Sheen s’en tire très bien en capitaine Willard, c’était Harvey Keitel qui avait été engagé en premier pour le rôle, avant de quitter le tournage pour « désaccord artistique » avec Coppola. Je me demande toujours ce qu’aurait donné la confrontation Keitel / Brando…
    A noter la prestation de Dennis Hopper en photographe bien allumé, qui n’est pas s’en rappeler notre pote Serge Corrieras – oui, le « Sergio » des Kampuchea Songs.
    Enfin, on ne peut évoquer ce chef d’oeuvre sans souligner l’extraordinaire prestation de Robert Duvall en colonel de Cavalerie Aérienne, dirigeant sa bande de soudards en hélicoptères, Taaa, ta ta taaaa, ta !…

  • Brice dit :

    Et Johnny Depp dans un de ses premiers roles…

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