Les amis, la série des bouquins-quizz s’était arrêtée au numéro 49. Le cinquantième attendait son occasion. La voilà, hélas…
Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église. Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure. À mesure qu’ils approchaient du sol, les deux jets de plomb liquide s’élargissaient en gerbes, comme l’eau qui jaillit des mille trous de l’arrosoir. Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l’une toute noire, l’autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l’immensité de l’ombre qu’elles projetaient jusque dans le ciel. Leurs innombrables sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté inquiète de la flamme les faisait remuer à l’œil. Il y avait des guivres qui avaient l’air de rire, des gargouilles qu’on croyait entendre japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée. Et parmi ces monstres ainsi réveillés de leur sommeil de pierre par cette flamme, par ce bruit, il y en avait un qui marchait et qu’on voyait de temps en temps passer sur le front ardent du bûcher comme une chauve-souris devant une chandelle.
Sans doute ce phare étrange allait éveiller au loin le bûcheron des collines de Bicêtre, épouvanté de voir chanceler sur ses bruyères l’ombre gigantesque des tours de Notre-Dame.
Il se fit un silence de terreur parmi les truands, pendant lequel on n’entendit que les cris d’alarme des chanoines enfermés dans leur cloître et plus inquiets que des chevaux dans une écurie qui brûle, le bruit furtif des fenêtres vite ouvertes et plus vite fermées, le remue-ménage intérieur des maisons et de l’Hôtel-Dieu, le vent dans la flamme, le dernier râle des mourants et le pétillement continu de la pluie du plomb sur le pavé…
10 commentaires
Wouaouhhhh ! Saississant. Je reste sans mots devant l’horreur qui frappe, de façon terrible car par le feu Merci Thierry pour cet hommage.
Prémonitoire. Hélas.
Ne serait-ce point là un court extrait de Notre-Dame de Paris, Victor Hugo 1931, qui inspirera ensuite quelques adaptations?..
Œuvres musicales
1836 : La Esmeralda, opéra en 4 actes de Louise Bertin
1844 : La Esmeralda, ballet en 5 tableaux de Jules Perrot, sur une musique de Cesare Pugni
1847 : La Esmeralda, opéra d’Alexandre Dargomyjski
1883 : Esmeralda, opéra d’Arthur Goring Thomas
1902 : La fille de Gudule, ou Esmiralda, ballet d’Alexandre Gorski sur la musique d’Antoine Simon (compositeur)
1965: Notre-Dame de Paris (ballet) – ballet de Roland Petit
1978 : Notre-Dame de Paris, spectacle de Robert Hossein
1998 : Notre-Dame de Paris, comédie musicale de Luc Plamondon et Richard Cocciante
2002 : Klokkeren fra Notre Dame, comédie musicale du compositeur danois Knud Christensen
Cinéma
1905 : La Esmeralda est un film d’Alice Guy et Victorin Jasset
1911 : Notre Dame de Paris, film de Albert Capellani
1917 : The Darling of Paris est un film de J. Gordon Edwards
1923 : Notre Dame de Paris (The Hunchback of Notre Dame), film de Wallace Worsley
1931 : Notre Dame de Paris, film de Jean Epstein
1939 : Quasimodo (The Hunchback of Notre-Dame), film de William Dieterle
1942 : Notre-Dame de Paris est un film de René Hervouin
1956 : Notre-Dame de Paris, film de Jean Delannoy
1996 : Le Bossu de Notre-Dame (The Hunchback of Notre Dame), film d’animation de Walt Disney Company
1999 : Quasimodo d’El Paris, comédie de Patrick Timsit
Télévision
1977 : Le bossu de Notre-Dame (The Hunchback of Notre Dame), série télévisée d’Alan Cooke.[27]
1982 : Le Bossu de Notre Dame (The Hunchback of Notre Dame), téléfilm de Michael Tuchner et Alan Hume
1987 : Quasimodo, épisode de la série jeunesse franco-canadienne Traquenards réalisé par François Labonté ;
1996 : Quasimodo, dessin animé réalisé par Pierre Métais et Bahram Rohani produit par Ares Films, diffusé sur France Télévisions.
1997 : Quasimodo Notre-Dame de Paris (The Hunchback), téléfilm américain de Peter Medak
Théâtre
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2016 : pièce de théâtre d’Olivier Solivérès, d’après le roman de Victor Hugo[28].
Bande dessinée
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1940 : The Hunchback of The Notre-Dame, adaptation en comics de Dick Briefer
2012 : Notre-Dame, bande dessinée scénarisée par Robin Recht et dessinée par Jean Bastide, deux tomes.
1831…
Mon cher Thierry tu vas dire que je débloque mais tant pis…j’ai ça sur le coeur depuis lundi soir…lundi 15 avril, 20.00 heure de Paris.
Oui c’est vrai quand on relit Hugo on se dit, quel romantisme, quelle richesse de la langue, quelle beauté dans la description de cette cathédrale en feu… pourtant les images télévisées avaient également quelque chose de grandioses, de “formidable” au delà de l’aspect profondément désolant… cette cathédrale… Non ! pas ELLE ! Comment est-ce possible ! En pleine heure de pointe ! sous les yeux du monde entier ! Dans un silence de mort à peine troublé par le crépitement ! Cela ressemblait à quelque chose comme un autodafé… arrivé à la perfection l’artiste décide d’immoler son oeuvre par le feu… calmement, en toute quiétude devant tous sans pourtant qu’on y puisse rien faire, sans même faire une seule victime, comme gentiment, discrètement… Je suis certain que de la coline d’en face, du Panthéon plus précisément, Victor Hugo a pu trouver dans son sommeil les mots plus beaux encore pour raconter cette tragédie qu’il avait déjà décrite dans son oeuvre…
Je ne sais pas si c’est débloqué, mais en tous cas c’est remarquablement troussé. Je ne te connaissais pas cette plume, cher Frollo de Venise. Chapeau !
J’ai tout vu, tout entendu, et pourtant… j’aurais pu voir ! La monstruosité, le déclin, la chute ! J’avais pour cela un point de vue exceptionnel ! Depuis les enfers, modestement, ma tombe. Eh oui, il n’en sera rien, je me plie, me courbe comme le roseau – dans la chanson il plie mais jamais cassé – !
Mille huit cent trente et un, respectable Quasimodo. Mille HUIT cent trente et un !
Oui messire veuillez pardonner ma bévue mais puis-je faire observer humblement que j’avais tout de suite vu l’incongruité de cette date et corrigé dans un misérable message successif que vous n’avez pas daigné publier bien vous en prit noble seigneur que la paix règne sur vous et votre famille en ce Saint vendredi…
Avis aux amateurs, je viens de découvrir une connexion très sympa entre cinéma et littérature avec le dernier ( ou avant ? ) Woody Allen “Midnight in Paris” que je recommande à vous autres blogueurs sachant bloguer.
Le pitch en 2 mots : de nos jours un écrivain californien s’offre une vacance à Paris en recherche de son inspiration qu’il trouve un peu tarie, et donc passionné par tous les écrivains et artistes qui ont fréquenté la ville lumière.
De ce fait légerement dépressif il se murge ( un peu ) et erre dans le quartier latin quand sonne minuit ( comme le titre, vous suivez ? ) et passe un taxi genre Ford T millésime 1913 chargé de convives avec qui il passe la soirée…et se retrouve avec eux réellement en 1920 ! Cela lui permet de rencontrer Hemingway dans sa jeunesse, Scott Fitzgerald, d’autres écrivains américains qui me sont moins connus, mais aussi Picasso, Dalì, Manray, Bunùel, Matisse, Gauguin, Degas…bref un enchantement pour ce jeune américain qui pourtant se retrouve de nos jours à chaque fois qu’il se réveille…et doit supporter sa fiançée ! Il attend donc chaque soir que sonne de nouveau minuit pour une nouvelle immersion dans un passé artistique parisien et tous ces personnages entrés dans la légende… volià voilà comme je lis actuellement “Paris est une fête” du même E.Hemingway – dont Woody Allen s’est de toute évidence inspiré, je pensais que le film et le bouquin avaient leur place chez Thierry… salut les vieux gars !