Les Mystères du Sexe en Littérature (confiture) 03

 

L’automne est là et déjà pointe à l’horizon Toussaint. Vu que le prochain printemps semble au diable, à la levée d’écrou d’un bagne de crépuscule hâtifs et de cruels matins blancs, glissons dans nos paniers une petite réserve de mystères de la chair, histoire de se tenir chaud devant le fourneau.
Faut dire que les écrivaines et les écrivains d’aventures et d’autres choses qui s’écrivent, de ce temps comme du passé, en sont souvent préoccupés (allez savoir diantre pourquoi !)…
En attendant la reprise dans ses pages d’une nouvelle aventure romanesque (bientôt… bientôt…), voici un extrait de… Ah, mince, j’ai oublié. En tout cas, c’est écrit par… euh… Sapristi, impossible de m’rappeler !…

 

Par une de ces nuits torrides et terriblement ennuyeuses de la campagne, la tante Maria Andrea s’absenta pour se rendre à une séance de spiritisme. La Môme Cuca resta seule comme une âme en peine. Comme elle avait déjà fait la vaisselle, elle se mit à coudre une robe neuve pour sa bouteille-poupée, histoire de s’amuser. Elle enfilait son aiguille, quand le fils de sa marraine Maria Andrea, un mulâtre café au lait, surgit. La pine raide comme une trique, il fonça sur la Môme, lui flanqua un coup de poing et la jeta, sans connaissance, sur la natte où l’on tirait les coquillages pour la divination. Vif comme l’éclair, il lui déchira sa culotte, écarta ses maigres cuisses boutonneuses et s’apprêtait à violer sa zézette déplumée avec son gourdin joufflu quand la marraine Maria Andrea fit irruption, encore possédée, en pleine transe spirite ; elle brandit une planche munie d’un clou au bout et d’un seul coup elle fendit le dos de son fils violeur, qui déguerpit à toutes jambes, en saignant comme une fontaine. En chemin, il tringla une génisse, répandit sa semence puis essaya de se pendre. Mais comme il avait volé la corde dans une épicerie et que le patron l’avait repéré, il n’avait pas fait cent pas que la police l’arrêta devant l’arbre qui aurait pu être sa potence.

La Môme Cuca se réveilla avec un caillot de sang sur la langue. Maria Andrea s’assura avec l’aide d’une matrone que sa filleule était toujours vierge et se contenta de verser quelques larmes de crocodile quand elle apprit que son fils était en prison. Elle n’avait jamais aimé cet enfant, lui non plus ne l’aimait pas. Mère et fils étaient comme chien et chat. Maria Andrea poussa même un soupir de soulagement en se disant que la prison le corrigerait et ajouta aussitôt pour elle-même, en guise de consolation, que l’arbre qui naît tordu ne redresse jamais son tronc, puis elle se mit à astiquer au white-spirit le sol de ciment, comme si de rien n’était.

Six années s’écoulèrent et le mulâtre café au lait ne sortait de taule que pour y retourner, pour causes de délits de droit commun de toutes sortes, braquages, tentatives de viol, voitures volées. Cependant, il se débrouillait pour obtenir des permissions et, plus tard, on le libéra définitivement, il venait souvent leur rendre visite mais ne voulut plus jamais habiter avec eux. Il ne restait qu’une quinzaine de minutes, planté là le temps d’avaler un café, sans desserrer les dents, à ruminer. Son haleine et sa sueur empestaient le criminel.

Au frère de la Môme Cuca, asthmatique et catholique chronique, on avait dévolu la chambre-tanière du fils de Maria Andrea ; une cloison en planches la séparait du lit pliant de sa petite sœur. Un jour de forte pluie, à l’aube, la Môme, devenue adolescente, néanmoins le surnom lui resta jusqu’à ce qu’elle devienne une femme accomplie, entendit des râles de cheval assoiffé, des froissements de draps, des déchirures de vêtements. Alors, plus peureuse que curieuse, avec ce froid à l’estomac et cette envie de vomir et de chier que donne la terreur, elle regarda à travers un interstice. Elle étouffa un cri qui lui tordit la bouche. Son frère, violemment immobilisé par les cheveux, nu, le corps tout égratigné, mouillé et baveux, était attaché et pleurait tout bas en répétant « Aïe, mon Dieu, aïe, mon Dieu ». Ses fesses graisseuses luisaient au clair de lune qui s’infiltrait par les innombrables fentes, le braquemart du mulâtre café au lait, d’une dimension spectaculaire, entrait et sortait comme un sabre arabe se fourrant dans un cœur. La Môme Cuca put voir la chair du cul de son frère chauffée au rouge, la bite de l’autre pleine de sang et de merde. Elle voulut hurler, appeler au secours pour son frère asthmatique et catholique chronique. Mais soudain le mulâtre café au lait eut l’orgasme du siècle et fit taire ses gémissements dans la morsure qu’il cloua dans le dos de l’autre. Cet autre, qui à présent riait et pleurait, chuchotait « Aïe, mon p’tit dieu, aïe, mon gros p’tit mulâtre, aïe, ma p’tite pine ». Aussitôt, il eut à son tour un orgasme extraterrestre, ses poumons se dilatèrent et il respira comme un scaphandrier, comme l’homme amphibie. La Môme Cuca comprit, avec autant de douleur que de terreur, la jouissance de son frère asthmatique et catholique chronique, enfin tout ça ; et dès lors elle apprit à souffrir en silence et ne joua plus jamais. Cette séance spectaculaire du cul puant traumatisa la Môme Cuca pour la vie, c’est pourquoi elle éprouva toujours fascination et dégoût pour le sexe.

À l’âge de seize ans, elle se rendit chez sa belle-mère pour avoir l’autorisation de s’en aller – autorisation accordée pour raisons économiques – et demander un peu d’argent à son père, avec la promesse de rembourser plus tard. Elle fit ses adieux à sa marraine avec des baiser larmoyants et baveux, certaine qu’elle ne la reverrait jamais. Puis elle recommanda à son frère, sèchement mais avec une intonation maternelle, de soigner son asthme. Lui, il connaissait déjà le remède, son spray favori, l’aérosol intestinal.

 

(À suivre)

 

7 commentaires

  • Odoric de Pordenone dit :

    Tout à fait c’est dès son premier voyage que Cuba fût découvert par Colomb même s’il avait déjà abordé d’autres îles, les Bahamas avec San Salvador en particulier. Ce n’est que lors de son troisième voyage en 1498 qu’il toucha l’Amérique continentale sur une plage de l’actuelle côte du Vénézuela, toujours convaincu qu’il était d’avoir trouvè un raccourci pour les Indes.
    C’est d’ailleurs Amerigo Vespucci qui laissera son nom au continent, grâce à la mappemonde établie par le Gymnase Vosgien (Gymnasium Vosagense) de Saint-Dié ( dans les Vosges ! )sous la direction de Martin Waldseemüller et imprimée en 1507, qui est la première carte sur laquelle apparaît le mot « America ».
    Merci pour l’attention, C’était la minute nécessaire de Monsieur Odoric.

    • Pierre d’Ailly dit :

      Votre commentaire Odoric est tout à fait intéressant savez-vous en effet que l’unique exemplaire de cette planisphère – qui représente l’acte de naissance de l’Amérique – a été acheté en 2001 par la bibliothèque du Congrès américain à son ancien propriétaire allemand pour la modique somme de 10 millions de dollars… mais le savent-ils dans les Vosges à Saint Dié qu’ils ont eu ce rôle dans l’histoire de baptiser rien de moins que le continent américain?

  • Jean de Mandeville dit :

    Oui certe certe mon ami mais ne portons pas trop vite aux nues ce navigateur aventurier dont on ignore d’ailleurs précisément le lieu de naissance et qui curieusement lève l’ancre au tout début de l’expulsion des juifs d’Espagne par Anne de Castille et Ferdinand d’Aragon, aurait-il des origines juives compromettantes pour son ambition démesurée?
    Ensuite il commet une erreur de calcul démesurée en faisant l’hypothèse d’un équateur de 30.000km , alors que le grec Erathostène en 276 avjc se trompe lui de 500km !
    Enfin il restera convaincu jusqu’à sa mort d’avoir trouvé un raccourci pour le Japon ( Cipango ) et les Indes, et contraindra ses divers équipages à ne jamais mettre en doute cette thèse…
    Un bilan somme toute mitigé, sans même aborder le thème de “ la controverse de Valladolid “ , excellent film au demeurant, avec un Jean Carmet très sobre en prélat envoyé du pape, Trintignant en conquistador avide, mais surtout un Jean-Pierre Marielle époustouflant de vérité dénonçant tous les méfaits de la sanglante conquête espagnole…
    Bonjour chez vous !

  • C’est même très cubain. La dame s’appelle Zoé Valdes et son La Douleur Du Dollar a été publié en France en 1996, chez Actes Sud. Déconseillé cependant aux nostalgiques du castrisme.

  • Juan Ginés de Sepúlveda dit :

    Cuba libre ! Y‘avais prévou dé faire une commentaire sé matin avec la douleur du dollar “ Te di la vida entera “ ma tou m’as coupé l’erba sous lé pied, hombre !

  • Bartolomé de las Casas dit :

    Aaaah pardon mais si on évoque l’argument de la controverse de Valladolid alors nous devons rendre hommage à l’empereur Charles Quint, qui avait commandité lui cette rencontre avec les hautes instances catholiques afin de décider comment procéder avec la colonisation du Nouveau Monde, conscient qu’il était des exactions de ses propres conquistadores… Un empereur qui se fait des scrupules sur l’extension de son empire, la chose est assez rare pour être soulignée.

    Étrangement – ou bien de façon tout à fait logique selon comme on se place – les nouvelles lois émises par l’Espagne sur le respect des indigènes et le souhait de l’empereur de les convertir par la foi et non par la force, ont beaucoup aidé au développement de l’esclavage en Afrique, puisque de ce côté de l’Atlantique ce commerce était tout à fait toléré par l’Église.

    Donc avec du recul nous avons d’un côté des Pyrenées un empereur Charles Quint qui fait des lois – peu respectées il est vrai – pour le respect des indiens, et de l’autre ( en France donc ) nous aurons le siècle suivant notre bon Louis XIV qui lui fera éditer le triste “ code noir “ qui régit la vie des esclaves et de toutes les punitions autorisées par leurs propriétaires

    Voilà qui donne matière à penser… Voire à écrire.

    Hasta la Victoria, siempre !

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