FIN D’AVENTURE

 

Chers potesses et poteaux.

Mes doigts aux phalanges usées par cent machines et autant de stylos tremblotent un rien ce matin sur le clavier.
L’émotion, pas vrai ?
Au moment de vous dire : salut la compagnie, on s’est bien marrés mais le vent souffle maintenant dans une autre direction.

Ce blog, ouvert le 10 septembre 2013 par le premier épisode du Secret Des Monts Rouges, version roman, s’achève neuf ans et des poussières plus tard par le dernier volet de La Marie-Barjo, son adaptation en scénario. Y a comme une logique.

Le plus marrant, c’est que je ne suis venu à cette forme moderne d’expression que sur les conseils d’un copain, Philippe, informaticien qui a pris le temps de construire à partir d’une simple base WordPress, le bel outil, esthétiquement très sympa, pour moi extraordinairement facile à manier, que vous connaissez. Puis il a repris le cours de son existence et je me suis retrouvé seul avec la machine, quinze à vingt heures de travail hebdomadaire, (payées que dalle, soit dit en passant !) et, je l’avoue, je me suis pris au jeu. J’y ai même éprouvé beaucoup de plaisir. Autant, j’espère, que vous en avez eu à me suivre dans mes vocabulubrations.

Salut, donc, à vous qui, ces derniers mois, étiez environ trois cents à venir faire un tour le long de mes étagères à mots chaque semaine.
Merci.
Et tout particulièrement merci à vous, les fidèles, les assidus, les soutiens de toujours : Oliv’, Alekos, Dom, Ludivine et les autres, dont les commentaires m’ont aidé, aiguillé, encouragé, parfois rassuré tout au long du chemin.

Vont rester en ligne, au moins pour l’année qui vient, 520 articles dont :
les aventures de Haig, romans et scénarii ;
le script de Zykë L’Aventure, le Film ;
des textes écrits avec Cizia Zykë, restés inédits et qui ne seront jamais publiés ailleurs ;
des chroniques marrantes (enfin : qui me font rigoler, moi !), les « Cons-Versations » ;
les poèmes de la série « Hobo », dont trois mis en musique par le copain Clément Martel ;
« Tango », un poème animé, seul exemple à ma connaissance de littérature spécifiquement informatique (et invraisemblable casse-tête pour Philippe) ;
des extraits de Vraie grande Sacrée Putain de Littérature, les « Bouquins-Quizz », avec la participation aussi aimable qu’involontaire de Kazantzaki, Hougron, San-Antonio, Melville, London, Dos Passos, Sarrazin, j’en passe et des aussi balèzes ;
des chroniques variées, dont les fameuses « De La Littérature-Confiture » et les non moins délectables « Mystères Du Sexe En Littérature »
des récits, des nouvelles, des feuilletons ;
des ratons-laveurs ;
des gamelles et des bidons.

Sans compter les contributions de mes camarades Kons, en vadrouilles bukowskiennes à Papeete et sur Wallis et Futuna, et David, parti sur les traces de Zykë au Costa Rica.

Sans oublier les merveilleuses photographies du Cambodge de mon ami Serge « Sergio » Corrieras, foudroyé à pas beaucoup plus de soixante balais, dont Facebook m’informe encore, tous les 21 septembre, du désormais fantomatique anniversaire.

« Moi, vous me connaissez ? » comme disait l’autre. Je ne vais pas fermer la porte du vieux grenier comme ça, sans y entreposer un dernier petit cadeau. Ce sera un texte de… Oh, et puis non, je vous laisse chercher. Ça devrait vous occuper un moment. Un indice : les fortes phrases qui suivent datent de 1956, ce qui fait du type (autre indice) un sacré visionnaire.

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.
Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste
, que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif.
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s’interroger, penser, réfléchir.
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté
. »

Que vous dire encore, en vrac et dans la précipitation, comme sur un quai de gare, alors que retentit le do-sol-la-mi de Michaël Boumendil et que la voix de Simone Hérault susurre que, voie C, le train à destination de Loin-lès-Loin va se faire la malle ?

Ah !… Oui !… Attends ! Encore une seconde, tandis que le métal du wagon s’ébranle !… Eh !… Écoute !…

Si tu découvres sur le net un texte qui te plaît, achète un livre de son auteur. Ça lui rapportera soixante-seize centimes d’euros et ça fera joli sur ton étagère.

Si un copain te prête un bouquin qui te plaît, achète un exemplaire neuf. Ça rapportera à l’écrivain (e) soixante-seize centimes d’euros et ça fera joli sur ton étagère.

Si tu tombes dans une bibliothèque sur un bouquin qui te plaît, va-t-en dès que tu peux acheter un exemplaire neuf. Ça rapportera à l’écrivain (e) soixante-seize centimes d’euros et ça fera joli sur ton étagère.

Si tu trouves chez un bouquiniste, dans une brocante ou un vide-grenier un bouquin qui te plaît, va-t-en dès que tu peux acheter un exemplaire neuf. Ça rapportera à l’écrivain (e) soixante-seize centimes d’euros et ça fera joli sur ton étagère.

Ne nous laisse pas mourir.

Allez. Salut. Bonne route.

Thierry.

 

(pas à suivre)


6 commentaires

  • Christophe dit :

    Diable !

    Merci Thierry pour tous les sentiments provoqués chez nous autres tes lecteurs, tous ces moments de rêve,, de rire ou de tristesse et bon vent à toi, quelle que soit ta future direction !

  • Alekos dit :

    Le petit vin grec a moins de saveur ce soir.

    C’est étrange, je pense à ces samedis qui vont venir et le message «  Le blog de Thierry Poncet: 1 news » ne sera plus là. Mince alors…
    J’oserai même : bordel de merde ! Chierie !
    Fin d’aventure, comment est-ce possible ? Pas à suivre, cela ne se peut pas…Vraiment pas…Encore trop de jungles à traverser, d’océans à dompter, de business à monter, de sales gueules à dessouder façon puzzle…

    Presque 10 ans déjà, ça file.
    L’Aventure avait commencé pour moi en 1986 dans le nord de l’Ecosse, quand j’ai lu Oro pour la première fois. Le Costa Rica dans les highland, ça avait de la gueule ! Merde, quelle claque quand j’y repense. .. J’avais 16 ans.

    Je suis tombé sur le blog peu de temps après sa création, la jonction avec Zyké, qui venait d’avoir la mauvaise idée de casser sa pipe était faite…En deux mots, ça continuait…

    Merci pour tout l’ami, c’était un plaisir – comme dirait l’autre à la fin de Sahara – à moins que la phrase ne soit de toi ? – de bourlinguer sous ta plume avec tes textes et tes récits, tes souvenirs, tes amis, tes délires…Je fais partie des privilégiés qui en ont profité et je vais continuer à lire tes bouquins, en esperant que tu changeras d’avis un jour…Qui sait ?

    Allez, pour finir, à mon tour de faire des mystères…
    C’est extrait d’une de mes B.D favorites, qui évoque la vie d’une bande de voyous grecs évoluant à Athènes dans les années 30, fraîchement dégagés de Turquie suite au traité de Lausannes, voleurs, escrocs, fumeurs de haschish et poètes. On est à la fin de l’histoire :

    « Et toi Markos, j’en suis sûr, tu n’as pas du t’endormir, tu dois jouer du bouzouki encore…Au seuil de ta maison puisque Zigoala refuse de t’ouvrir. La vie n’a que deux portes mon ami…Le bouzouki demeure ta seule consolation…Dessus, tu trouves les chemins qui t’apaisent…Il n’existe pas de cœur comme le tien. »  

    Bonne route amigo, prends soin de toi.

    Alekos

  • olivier boiteau dit :

    Alors c’est comme ça, moi qui viens juste de te découvrir par un p’tit détour Zikë. Je fouille et cherche par monzéparveaux, poil au dos, tes bouquins. Enfin je vais récupérer les «3 Haig, et si ça se trouve, je ne pourrais même pas t’encenser, te pourrir, te remercier, te dézinguer, après les avoir lus, et en plus 3 livres neufs,(76 centimes, je suis tes conseils). Je suis en ce moment en train de dévorer des SINIAC, et quand je retourne sur ton blog, je trouve que tu as des côtés LUJ INFERMAN’. Aussi, comme avec lui, on peut penser que ton « (pas à suivre) », nous réserve une surprise. En tout cas, je te découvre seulement et toi, si cela se trouve, tu es en train d’hésiter entre le chêne ou le sapin, comme quand t’étais baigneur tu hésitais entre la tétine et le téton (salut Desproges !!!), c’est un putain de coup bas, poil aux doigts, que tu nous fais là. Je commence ton blog, j’espère le gober en entier. Bon je pars sur un poil, encore ?, d’espoir que tu n’as pas encore fini de nous faire marrer.
    Salut et bonne route ………………………poil à la biroute
    Olivier

  • Yo dit :

    Bonne route a toi Thierry.

  • Bernard Moitessier dit :

    Merci pour tout, toi, ta vie, ton aventure littéraire avec et sans Cizia, je pourrais faire un film sur ta vie, elle est dingue, merci mon amis, mon frère

  • Oliv' dit :

    SAPRISTI !

    Cher Thierry,

    j’avais un peu délaissé ton blog ces derniers temps et voilà que j’attrape des remords, je m’en veux…

    Voilà un titre FIN D’AV bien hasardeux pour conclure ces dix ans d’échanges épistolaires sur tes aventures qui nous auront bien fait voyager dans le monde de la littérature, et pas que !

    Quel large horizon tu nous as ouvert, en partant de l’incontournable boss Cizia pour aller taquiner les plus grands et parfois loins d’être les plus accessibles, en témoigne ce Günther Anders dont tu cites cet extrait pour le moins clairvoyant.

    Etrangement je me rappelle précisément la toute première découverte de ton blog, recherchant quelques pépites sur le sieur Zykë dont les aventures m’avaient bien sùr ébouriffé.

    Ensuite les quizz-bouquins, donc chacune de tes présentations incitait à découvrir l’auteur ; la crème de la culture liitéraire française ( mais pas que ! ) y est passée, tiens un petit résumé synthétique au passage dans le désordre : Ecco-Zorba-San Antonio-London-Arnaud-Hemingway-Stevenson-Hougron-Simenon-Monfreid-Guthrie-Verne-Levi Strauss-Zweig-Garcia Maquez-Mallaurie-Shoendoerffer-Twain-Hugo-Kessel-Melville-Elroy-Aymé-Céline-Yourcenar-Sarrazin-Highsmith-Kurosawa-King-Joyce-Conan Doyle-Conrad-Capote – et tiens pour finir un pote à Cizia : Kadare.

    On l’aura compris tu fréquentes du beau monde, merci de nous les avoir présentés ; d’ailleurs plusieurs d’entre eux que je ne connaissais pas sont devenus des potes à oim depuis, grâce à toi sans aucun doute.

    Donc pour eux – et pour tous les autres – un grand merci à toi, pour ce grand coup de latte dans la lourde de la littérature qui semble de plus en difficile à ouvrir aux jeunes générations malheureusement.

    Porté par cet élan je m’étais même essayé à rédiger une petite nouvelle dont ton blog fut le récipiendaire en plein dans la période euphorique du confinement covid. C’était comme publier un journal d’ado, une expérience unique, qui m’avait permis au passage de raconter ma visite impromptue au fond de ta vallée dans cette magnifique méandre de la Loue – qui coasse malheureusement de moins en moins m’avais-tu expliqué, because les pécores francontois qui balancent leurs pesticides à tout va pour booster les cultures…
    mais je m’égare, je digresse, je hors-sujette, revenons à nos moutons : tiens ceux que tu gardais dans ta jeunesse par exemple, très joli récit dont j’avais gardé la saveur pendant de longues semaines après l’avoir fini, ou bien cet autre plus exotique avec le très grand méchant Kiri le clown – ah quelle salope celui-là !! et quelle fin tragique.. – ou bien Haig l’irlandais ( avatar de Cizia Poncet ? ) ,  et puis cette très belle histoire d’amour desespérée dans un Paris qui avait évoqué pour moi l’à bout de souffle de not’grand JPB… 

    Bref il y a eu du lourd dans ton blog Thierry et donc – en résumé en conclusion – nous te devons tous un grand merci, prend bien soin de toi et des grenouilles de la Loue – il en reste encore, c’est sùr ! – et n’hésite pas à changer d’avis quand le clavier t’aura trop cligné de l’oeil, quand la plume te démangeras de nouveau pour… de nouvelles aventures !

    Ciao !

    Oliv’

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